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L’OFSP en tant que responsable de la surveillance de la radioactivité dans l’environnement, mesure en permanence la radioactivité dans l’air en Suisse à l’aide de son réseau automatique de mesure de la radioactivité dans l’air URAnet et de son réseau de collecteur à très haut débit (HVS). Depuis le début de l’attaque militaire russe contre l’Ukraine, de possibles rejets de radioactivité dans l’environnement sont sources de préoccupations. En effet, outre le fait que la zone d’exclusion de Tchernobyl se situe en zone de combat, l’Ukraine exploite 15 réacteurs nucléaires sur 4 sites, qui représentent un risque accru en cas de guerre. En Suisse, la centrale nationale d’alarme (CENAL) est en engagement et reçoit les informations de l’agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA); l’OFSP est en en contact régulier avec les experts du Ring Of Five, un réseau d’échanges d’informations entre laboratoires européens spécialisés dans la mesure de la radioactivité dans l’air, dont il fait partie.
Pour l’heure, aucune valeur anormale de radioactivité n’a été détectée en Suisse, ni dans les autres pays européens.
pour plus d’information voir aussi :
- Comprimés d’iode en cas d’événement nucléaire à l’étranger
- Office fédéral de la protection de la population – OFPP – Informations actuelles concernant la protection de la population
Situation en Ukraine
- Barrage de Kakhovka
Le 6 juin, le barrage de Kakhovka a été gravement endommagé. La centrale nucléaire de Zaporijia est située en amont du barrage et n’est donc pas menacée par une inondation. En revanche, l’approvisionnement en eau de refroidissement a été affecté par l’événement et le niveau d’eau dans le réservoir a baissé. Selon l’évaluation de l’AIEA, qui a envoyé ses propres experts sur place, il n’y a pas non plus de danger immédiat à cet égard. Tous les réacteurs sont à l’arrêt et il existe d’autres possibilités d’approvisionnement en eau de refroidissement. L’AIEA souligne que la situation générale sur le site reste extrêmement précaire et potentiellement dangereuse. - Explosion du 13 mai
Certains médias ont rapporté que de la radioactivité aurait été libérée en Ukraine le 13 mai suite à une explosion en lien avec des munitions à uranium appauvri. Jusqu’à présent, aucune mesure n’a, à notre connaissance, pu confirmer une telle libération de radioactivité. En ce qui concerne les valeurs plus élevées mesurées en Pologne, mentionnées dans certains médias sociaux, il s’agit, selon les informations des autorités, d’une augmentation de la radioactivité naturelle provoquée par des pluies (lien vers www.gov.pl). Les niveaux de radiation en Pologne sont normaux. La cause de l’augmentation observée est le radon. Ce gaz rare naturel, émane du sol et ses produits de désintégration radioactifs (comme le bismuth-214) se retrouvent ensuite en suspension dans l’air, attachés aux aérosols. En cas de pluie, ces particules sont lessivées de l’air et déposées au sol, provoquant une augmentation des valeurs de rayonnement au sol. Nous constatons également ce phénomène régulièrement en Suisse. - Centrale nucléaire de Zaporizhzhya
Depuis le début de l’offensive russe en Ukraine, la centrale nucléaire de Zaporizhzhya a régulièrement subi des bombardements et des interruptions de l’alimentation électrique externe. Une alimentation électrique opérationnelle est nécessaire pour le refroidissement des barres de combustible. Jusqu’à présent, il n’y a pas eu de rejet de radioactivité, ni d’indication de rejet de radioactivité. Tous les réacteurs de la centrale nucléaire sont à l’arrêt. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) continue d’exiger des mesures urgentes pour garantir la sécurité des installations nucléaires fortement menacées par la guerre. L’AIEA a envoyé en septembre une mission permanente d’experts à Zaporizhzhya et exige qu’elle ait accès à toutes les installations. - Tchernobyl
Selon les autorités ukrainiennes, les forces armées russes ont rendu fin mars le contrôle de la centrale nucléaire désaffectée de Tchernobyl au personnel ukrainien. Un groupe d’experts de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) s’est rendu en Ukraine le 25 avril. Elle a remplacé des équipements de surveillance de la radioactivité à Tchernobyl. La centrale nucléaire de Tchernobyl se trouve dans la zone d’exclusion mise en place après l’accident de 1986. Jusqu’à présent, il n’y a pas eu de rejet de radioactivité. En été 2022, des incendies de forêt ont démarré dans la région de Tchernobyl. Leurs effets sont toutefois restés largement locaux. - Autres centrales nucléaires
la plupart des autres réacteurs nucléaires ukrainiennes sont raccordés au réseau électrique, mais la puissance des centrales est régulièrement réduite par intermittence pour des raisons de sécurité. Les niveaux de rayonnement restent normaux et les systèmes de sûreté sont intacts. - Installations de recherche nucléaire à Kharkiv
Dans la ville de Kharkiv, une nouvelle installation de recherche nucléaire a été la cible d’attaques russes à plusieurs reprises. L’installation est utilisée pour la recherche et le développement et la production de radio-isotopes pour des applications médicales et industrielles. L’AIEA a estimé que les dommages n’auraient pas eu de conséquences radiologiques.
Dans la nuit du 26 au 27 février, des obus avaient touché un entrepôt de déchets radioactifs qui se trouve également dans la région de Kharkiv; la structure protectrice des déchets n’avait toutefois pas été endommagée et aucun rejet de matières radioactives n’a été signalé.
Pour plus d’informations:
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Le césium-137 dans la basse atmosphère
La section Radioactivité de l’environnement (URA) de l’OFSP surveille en permanence la radioactivité dans l’air à l’aide de son réseau automatique URANet. Les stations de mesure transmettent des résultats toutes les 5 minutes et des alarmes sont générées automatiquement en cas de valeurs plus élevées. Les résultats de mesure sont publiés toutes les 12 h sur Radenviro. Si ce dispositif est assez sensible pour détecter une élévation anormale de radioactivité dans l’air, il n’est pas en mesure de mesurer les traces de Cs-137 encore présentes dans l’air en Suisse, comme conséquence de l’accident de Tchernobyl de 1986 ainsi que des essais atomiques des années 60. Pour réaliser ces mesures de traces, il entretient un réseau de collecteurs d’aérosols à haut débit (HVS) pour mesurer la radioactivité liée aux aérosols dans l’air extérieur. Les filtres sont changés chaque semaine, mais la fréquence peut être adaptée selon les événements, puis mesurés en laboratoire par spectrométrie gamma (HPGe). Les valeurs mesurées pour les derniers mois sont indiquées ci-dessous en micro-becquerel par mètre cube (µBq/m3).
Des traces de césium-137 (Cs-137) sont souvent détectées, avec des valeurs allant jusqu’à plusieurs µBq/m3 dans les échantillons des collecteurs à haut volume. Il s’agit là de remise en suspension d’anciennes dépositions au sol (par exemple, les dépositions de l’accident de Tchernobyl de 1986). La limite de détection pour le Cs-137 est typiquement de 0.2 µBq/m3. Les limites de détection sont représentées par des triangles non remplis dans le diagramme ci-dessous.
A l’aide de ces deux dispositifs complémentaires l’OFSP est à même d’assurer une surveillance à la fois réactive et extrêmement sensible de la radioactivité dans l’air en Suisse, et garantit que toute trace de radioactivité artificielle puisse être détectée.